Edito

Frontières

Les frontières seront-elles un obstacle aux mobilités de demain ?

  • Federico  Tarragoni

    Federico Tarragoni

    Sociologue du politique et Professeur à l’Université Caen-Normandie.

21 Mars 2024

Compte tenu de la libre circulation au sein de l’Union européenne, les frontières ne devraient pas être un obstacle pour la mobilité européenne de demain. D’ailleurs, les cartes des réseaux ferroviaires suggèrent qu’il est quasiment possible de traverser toute l’Europe en train. Les défis émergent, en revanche, lorsque les politiques de transport ne sont pas coordonnées efficacement au niveau européen.

Confronter ces défis est nécessaire pour favoriser une plus grande mobilité professionnelle. Actuellement, environ 30 % de la population active en France vit dans une ville différente du lieu de travail, parfois située à des centaines de kilomètres de distance. Cette réalité se manifeste aussi à l'échelle européenne, notamment dans le domaine de la recherche académique, où de nombreux jeunes chercheurs doivent poursuivre leur parcours dans d'autres pays. Cela se traduit par des déplacements fréquents, tels que des voyages récurrents entre la France et la Belgique ou encore entre la France et l'Angleterre.

Dans le contexte des mobilités européennes, le défi n’est donc pas celui des frontières, mais plutôt d’un manque de politique commune de structuration du réseau ferroviaire européen avec des objectifs clairs, notamment écologiques. En l’absence de cette politique commune, chaque pays est laissé à lui-même pour organiser les déplacements transfrontaliers, ce qui risque de renforcer les inégalités économiques et budgétaires entre pays (comme l’a montré le cas de la ligne TGV Lyon-Turin, dont le coût était très injustement réparti entre la France et l’Italie).

Il devient alors essentiel d’élargir et de structurer davantage un réseau ferroviaire européen. Ces efforts communs permettront de favoriser la mobilité professionnelle tout en créant des conditions favorables dans lesquelles des déplacements des travailleurs ne seraient pas vus comme une difficulté ou un obstacle.